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Un essai inédit de 1959 par Isaac Asimov sur la créativité et l’innovation

Published for the First Time: a 1959 Essay by Isaac Asimov on Creativity | MIT Technology Review

Un ami de Isaac Asimov l’avait invité à des séminaires sur la créativité pour l’entreprise d’armement dans laquelle il travaillait. Il a retrouvé le texte qu’avait écrit Asimov à l’occasion et l’a publié dans la MIT Tech Review.

Très court, l’essai de Asimov est intéressant car il traite de l’obscurité du processus créatif, et de son caractère distribué qui fait que plusieurs personnes ont souvent la même idée au cours de la même période de temps.

Ce sujet a été abordé depuis longtemps – par exemple dans « The Double Helix » de James Watson, mais il est aujourd’hui sur le devant de la scène comme dans « Where Good Ideas Come From » de Steven Watson.

Mais le texte de Asimov reflète plusieurs intuitions originales :

  • les idées sont exprimées individuellement, mais elles apparaissent collectivement – Charles Darwin et Alfred Wallace ont eu l’idée de l’évolution séparément, mais en même temps,
  • elles sont fonction du niveau d’information des créatifs qui leur permet de faire des croisements d’idées originaux – c’est la publication et la lecture de « Essay on Population » de Malthus qui a augmenté le niveau d’information de Darwin et Wallace, leur permettant ainsi comprendre la notion de surpopulation, de lutte pour la survie et d’en déduire le principe de sélection naturelle
  • les idées les plus intéressantes sont exprimées par des gens ne sont pas payés pour les avoir – des tiers amateurs qui n’ont pas conscience des frontières d’un domaine
  • il faut déconnecter l’innovation de sa rémunération, sous peine de créer un sentiment de responsabilité, de culpabilité et une pression de réussite qui sont les meilleurs freins à la créativité
  • les sessions de groupe et autres brainstormings ne sont pas vraiment destinées à faire émerger des idées nouvelles, mais à améliorer le niveau d’information générale des participants pour leur permettre de s’exprimer individuellement – sur le moment ou a posteriori
  • elles doivent être accompagnées par une personne extérieure qui aide à poser les bonnes questions qui seront utiles à chacun – un rôle que Asimov assimile plus à celui d’un psychanalyste ou d’un médecin qu’à celui d’un manager

In fine, Asimov présente quasiment la créativité comme un processus analytique et inconscient passant par un tiers dont on améliore le niveau d’information pour vaincre les tabous d’un secteur sans avoir besoin de les identifier formellement.

Toute la difficulté tient bien sur au fait que plus on améliore le niveau d’information d’un tiers, moins celui-ci est extérieur au problème que l’on souhaite résoudre. D’où le besoin de travailler en groupe pour atteindre le même objectif en fournissant le moins d’information possible pour préserver la possibilité de faire des croisements fructueux.

Pour le coup, c’est original. Et l’importance donnée au tiers amateur dans l’innovation fait écho à de nombreux exemples modernes faisant intervenir le crowd, la multitude, le participatif, le collaboratif, etc. sans noyer l’individu dans le collectif du One Thousand Eyeballs.

L’article est ici : Published for the First Time: a 1959 Essay by Isaac Asimov on Creativity | MIT Technology Review.