Dans le NYT : ce sont les mêmes ingénieurs qui inventent les réseaux sociaux et qui veulent supprimer les repas

Excellent article du NYT sur l’explosion des poudres de protéines dans la Silicon Valley : les Soylent, les Schmoylent, les Schmilk, etc.

Le marketing est simple et surfe sur la mode déjà ancienne du Lifehacking. Il paraîtrait qu’il est important d’optimiser son temps et que les repas seraient superflus pour quelqu’un qui souhaite être pleinement productif. Dans ces conditions, et dans une logique technologiquement naïve, il suffit de considérer que les repas ne sont qu’une entrée de nutriments dans le corps, et qu’on peut donc reconstituer le repas idéal qui serait la fin de tous les repas. La panacée.

Bien évidemment, tout ça ressemble surtout à des poudres bien classiques comme celles qu’utilisent depuis des années les sportifs ou les gens au régime. Ca n’empêche pas les investisseurs du cru de financer à tour de bras Rob Rhinehart – le fondateur de Soylent, Alex C. Snyder – qui a quitté son job sur Second Life chez Linden Labs, etc.

Au fond, tant mieux pour ceux que ça amuse de se passer de diner pour se mettre à manger des poudres avec de l’eau ou du lait. Les fabricants de poudres de régime et de suppléments nutritifs ont déjà démontré qu’il y avait un marché et qu’il acceptait volontiers de nouveaux spins marketing pour s’agrandir au-delà de ses cibles initiales.

Mais avec la multiplication d’autres startups dédiés à ces sujets comme Modern Meadows qui fait de la viande artificielle, ou des entreprises d’impression 3D de nourriture, la vraie question c’est de se demander si le modèle de la Silicon Valley est reproductible dans d’autres secteurs que ceux des technologies et des médias. Est-on en train d’assister à l’uberisation de l’industrie agro-alimentaire ? Ou est-ce qu’on est juste en train d’assister à une dérive un peu ridicule du modèle de la Valley ? Mais dans ce cas, c’est quand même curieux que ce soit les mêmes ingénieurs qui inventent les réseaux sociaux et qui se sentent obligés de mettre fin à des activités aussi sociales que les repas. A moins que…

Source: In Busy Silicon Valley, Protein Powder Is in Demand

Update, un autre excellent article dans le New Yorker : http://www.newyorker.com/magazine/2014/05/12/the-end-of-food