Pour Morozov, la Silicon Valley n’est pas plus vertueuse que Wall Street

« On devrait traiter la Silicon Valley avec la même suspicion que Wall Street »

Plusieurs points intéressants :

  • la technologie n’est pas neutre, la fin est dans les moyens
  • la technologie fait système, elle enferme les gens dans une série de problèmes dont les solutions créent elles-mêmes de nouveaux problèmes
  • la vision classique de la politique, où on débat du bien commun et de la manière de l’atteindre, est remplacée par une réponse standard qui est : le problème vient de l’individu. »
  • la Silicon Valley suit un agenda politique ultralibéral
  • la technologie n’est pas moins présente auprès des politiques que l’assurance ou la banque
  • la question du contrôle des infrastructures technologiques n’est pas réglé aujourd’hui
  • des milliers de mauvaises critiques sur Amazon ne remplacent pas une bonne dans la New York Review of Books – c’est un peu démago
  • les réactions aux révélations de Snowden ont finalement été très faibles – sauf si on considère que le rapport Sunstein est l’équivalent du rapport Tricot et que les USA ne vont pas tarder à créer leur loi de 1978 à leur façon
  • le droit au déréférencement est important

Pour le reste Morozov ne fait visiblement confiance ni à l’Etat, ni à la démocratie pour résoudre ces questions. Sauf que c’est facile d’accuser les gens d’être naïfs, mais est-ce que n’est pas lui qui est simpliste quand il refuse de voir que si les gens sont aujourd’hui soignés dans des hôpitaux de qualité et reçoivent un enseignement laïque et égalitaire, c’est quand même encore grâce à l’Etat providence. Idem pour le droit au déréférencement qui n’existe que parce que nous disposons d’un système judiciaire européen indépendant et pas cher.

C’est marrant de voir que les principaux critiques de la Silicon Valley sont finalement aveuglés par les mêmes oeillères que les gens qu’ils critiquent.

L’article est ici : « On devrait traiter la Silicon Valley avec la même suspicion que Wall Street ».

exceptionnel article de @evgenymorozov sur les origines politiques des hackers et des makers

Morozov s’est encore illustré par un article dont il a le secret, envoyant quelques salves bien senties à Chris Anderson et Kevin Kelly, il essaie de revenir aux origines politiques des mouvements de hackers et makers pour en montrer la naïveté et le fondement réactionnaire… et finit par revenir à des figures moins connus comme le socialo-anarchiste américain Murray Bookchin. Pour faire une private joke, s’il continue à creuser, il va finir par trouver Jacques Ellul et Gilbert Simondon 🙂

Evgeny Morozov: Hackers, Makers, and the Next Industrial Revolution : The New Yorker.