Dans Techcrunch: les réseaux sociaux peuvent déclencher une « spirale du silence » qui pousse les gens à s’autocensurer

Intéressant point de vue de Techcrunch publié au mois d’août et qui se base sur une étude du Pew Institute consacrée à « la spirale du silence » pour expliquer que les réseaux sociaux génèrent beaucoup plus d’autocensure qu’on ne l’imagine, et qu’ils peuvent même contrôler ce qui est diffusée dans le monde offline : Social Media Is Silencing Personal Opinion – Even In The Offline World

En résumé :

  • Les informations diffusées par les réseaux sociaux ne reflètent pas correctement les débats d’opinion qui se déroulent dans le monde physique
  • Pire, l’étude du Pew Institute montre que les gens sont en fait moins enclins à débattre des problèmes importants de la société sur les réseaux sociaux que dans l’environnement offline
  • Dès que leurs opinions sont contraires à celles de leurs amis, les gens s’autocensurent et préfèrent les garder pour eux sur les réseaux sociaux – un phénomène qui ressemble à « la spirale du silence » qui était décrite dans les années 70 à propos de la formation des opinions publiques
  • Dans l’exemple choisi par le Pew Institute, seuls 42% des usagers avaient envie de discuter des problèmes de surveillance généralisée en public sur des réseaux sociaux, alors qu’ils étaient 86% à accepter de le faire dans une discussion physique en face à face
  • Quant aux 14% qui ne souhaitaient pas discuter dans une réunion physique, seuls 0,3% auraient accepté de le faire en ligne
  • Cela remet en cause l’idée que les réseaux sociaux permettraient aux gens d’exprimer des opinions qu’ils n’osent pas exprimer en face à face

Social Media Is Silencing Personal Opinion – Even In The Offline World | TechCrunch

Mais le Pew Institute va plus loin et affirme que cette spirale de la censure s’étend jusque dans l’environnement offline.

  • L’usager classique de Facebook a 50% moins de chance d’accepter de partager ses opinions dans le monde physique
  • L’usager de Twitter a 25% moins de chance

In fine, le Pew Institute rappelle les limites de son étude, mais souligne que cela permet de comprendre la façon dont les usagers utilisent les réseaux sociaux pour discuter de sujets politiques. Contrairement à ce qu’on aurait pu espérer, ceux-ci ne créent pas automatiquement un débat plus riche et plus dynamique. Comme dans l’affaire Ferguson, les tunnels informationnels jouent à plein en limitant l’accès des usagers à l’information, mais la spirale du silence est tout aussi importante en les dissuadant de dire à voix haute des opinions qui seraient contradictoires avec celles de leur social graph.

L’article est ici : Social Media Is Silencing Personal Opinion – Even In The Offline World

3 réflexions sur « Dans Techcrunch: les réseaux sociaux peuvent déclencher une « spirale du silence » qui pousse les gens à s’autocensurer »

  1. C’est un phénomène qui ne me choque point. On a souvent dit qu’Internet est un moyen de s’exprimer justement parce qu’on se « sépare » au moyens de l’écran. Justement, dans ce cadre, les critiques et la censure par les pairs sont d’autant plus faciles.

    Le peer review et le public shaming y reste présent. De nos jours, les réseaux sociaux sont devenus la nouvelle cours de l’école dans laquelle chacun d’entre nous est soumis à une pression par ses amis qui peuvent plus facilement, justement grâce à la « séparation » par l’écran, descendre une personne. Même si l’expression d’opinion est plus facile sur Internet, les critiques et le rejet ne sont pas moins réelles. D’autant plus que les réseaux sociaux sont devenus un espace très utilisé, notamment par les jeunes qui cherchent la reconnaissance par leurs pairs, à savoir la popularité.

    C’est pourquoi, l’autocensure sur les réseaux sociaux ne me choque pas du tout.

  2. N’ayant pas pu terminer mon commentaire, je le complète.

    En effet, les sujets de surveillance sont importants sur les réseaux sociaux, notamment après les découvertes de surveillance de la NSA. Mais je ne pense pas que cela joue un rôle si important quant à l’expression sur les réseaux sociaux.

    A mon sens, l’expression d’opinons politiques ne se fait pas plus facilement sur les réseaux sociaux qu’en personne. Même si c’est sur un espace dématérialisé, il s’agit quand même d’exprimer ses opinions par écrit dans un espace facilement référençable.

  3. I think it is completely plausible that auto-censure not only takes place on social networking sites, but also trickles into our off-line interactions. I am unsure of the exact reason beyond a suspicion that group-think, a tremendously strong current of conformity, takes on a very powerful role in on-line environments. One can only look to words like “trending” to decipher that cyberspace is not really an amphitheatre of diverse views.

    But I think there may be another reason for auto-censure and it goes right to the heart of the term “censure”. Social media – in fact, most media – do not just disseminate, but also record. The spread and duration of what we write is so vast that our autonomy to either stand by what we say, or to elaborate or explain it, let alone, change our minds, stands no chance against the machinery of social media: one can think of the term “viral” to note the connotation with something that is quite out of our control.

    To bring this back to self-censure, it is quite limiting to speak one’s mind without the luxury of error. The fact that we converse stands as proof that we are not interested in simply imparting but in synthesizing our own convictions. Such is also the beauty of debate. The conscious knowledge that something we write, may very well come back to bite us in the ass, makes us all the less likely to say it.

    Here we arrive at yet another example of the two biggest issues facing the internet: temporality and jurisdiction. For the latter, we still have not delineated what is under which law, nor the boundaries of public or private, right or wrong, free or responsible. For the former, we don’t know what sort of perpetuity lurks in the webs of technology, and how much of a brunt our statements may create for our future selves to bear.

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